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Dans ses œuvres, Felix Gonzalez-Torres, Américain né à Cuba, expose les différents aspects de sa position d'artiste homosexuel d'origine étrangère sans jamais pour autant instrumentaliser les stéréotypes de ce milieu. C'est la mort de son compagnon Ross Laycock emporté par le SIDA qui jouera ensuite un rôle déterminant dans sa démarche, qu'il souhaite avant tout réflexive, reproductible et privilégiant le propos à l'esthétique. Il choisit donc objets et matériaux de la vie quotidienne qu'il s'emploie à détourner pour leur donner un tout autre sens.
Ci-contre, par exemple, un tas de bonbons. Le propos semble bien léger; et pourtant l’oeuvre a un poids. 79,4 kg très exactement, le poids d’une perte. Nous sommes en 1991; Ross, le partenaire de Félix Gonzalez-Torres vient d’être déclaré séropositif. Son médecin fixe alors 79,4 kg comme poids idéal pour lutter contre la maladie dont Ross subira les conséquences peu de temps après, dans l’indifférence de son époque qui a préféré croiser les bras devant le SIDA. Comme ces visiteurs qui passent et se servent, faisant disparaître un peu plus le souvenir de Ross à chaque passage. Mais chaque jour, les bonbons sont ramassés et pesés, et de nouveaux bonbons sont ajoutés jusqu’à ce que l’oeuvre retrouve ses 79,4 kg, un rituel que Felix Gonzalez-Torres entretiendra jusqu'au bout. |